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dimanche, 11 juillet 2021 22:20

Philippines - Chapitre

Philippines – Chapitre Provincial

Chapitre Provincial : 2 - 6 juillet 2021

Nouveau Conseil Provincial :

P. Manuel Medina, supérieur provincial

P. Elmer Galiza, vicaire provincial

P. Joseph Pilotin, conseiller provincial

Nous souhaitons au nouveau Conseil la lumière de l’Esprit Saint pour le service à la Province.

Publié dans INFO (FR)
dimanche, 11 juillet 2021 16:54

Je vais vous le dire autrement…

Je vais vous le dire autrement…

Juillet 2021

Proclamer le Christ dans la liberté et la diversité

S’il y a un texte qui exprime pleinement l’esprit missionnaire du point de vue du Nouveau Testament, c’est le chapitre 8 de la Première Lettre de Saint Paul aux Corinthiens, où, dans les versets 19 à 23, Paul écrit : « Oui, libre à l’égard de tous, je me suis fait l’esclave de tous afin d’en gagner le plus grand nombre possible. Et avec les Juifs, j’ai été comme un Juif, pour gagner les Juifs. Avec ceux qui sont sujets de la Loi, j’ai été comme un sujet de la Loi, moi qui ne le suis pas, pour gagner les sujets de la Loi. Avec les sans-loi, j’ai été comme un sans-loi, moi qui ne suis pas sans loi de Dieu, mais sous la loi du Christ, pour gagner les sans-loi. Avec les faibles, j’ai été faible, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns. Et tout cela, je le fais à cause de l’Évangile, pour y avoir part, moi aussi. »

A son œuvre d’évangélisation, Paul donne ici un caractère clairement catholique (universel). Dans ces lignes, Paul dévoile trois éléments importants, sur lesquels il fonde l’approche universaliste de son propre ministère. Premièrement : l’œuvre d’évangélisation menée par Paul est universelle car l’évangélisateur est libre, comme cela est affirmé au verset 19 : « Libre à l’égard de tous ». Deuxièmement : l’œuvre d’évangélisation menée par Paul n’a pas de « frontières » car l’évangélisateur trouve sa motivation dans l’Évangile : « Je le fais à cause de l’Évangile » (v. 23). Troisièmement : l’œuvre d’évangélisation menée par Paul est universelle car l’évangélisateur n’a qu’un but, à savoir « en sauver à tout prix quelques-uns » (v. 22). Ces trois éléments expliquent aussi bien le motif pour lequel Paul a été capable de devenir « tout à tous », que la manière dont il l’a fait. Ainsi, par exemple lors de son séjour à Athènes, Paul discute tous les jours dans la synagogue « avec les Juifs et ceux qui adorent Dieu, ainsi qu’avec ceux qu’il rencontrait chaque jour sur l’Agora » (Ac 17,17) tout comme sur l’Aréopage. Ces quelques textes suffisent pour montrer la grande approche « catholique » de la pastorale qui a inspiré et guidé le ministère de Paul et son œuvre d’évangélisation. Il semble que pour Paul il n’y ait pas de situations « adéquates » ou « inadéquates », de personnes « convenables » ou « inconvenables » pour annoncer la Bonne Nouvelle. Chaque situation et chaque catégorie de personnes sont une « situation adéquate » et « une personne convenable » pour annoncer « l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu » (Mc 1,1).

Indépendamment de ce que nous pouvons penser, Paul n’a pas été le premier à incarner et mettre en pratique cette façon de propager la Bonne Nouvelle. Avant lui déjà, c’est Jésus de Nazareth qui a fait de même. Avant Paul, Celui qui était l’« Apôtre » du Père, a abordé sa mission de la même façon. Pendant son activité publique, Jésus de Nazareth, ayant le cœur « brulant d’ardeur » pour le Royaume de Dieu et « les affaires de son Père », proclamait la Bonne Nouvelle aussi bien aux hommes qu’aux femmes, aussi bien aux pharisiens qu’aux saducéens, aussi bien aux riches qu’aux pauvres et mis en marge à cette époque-là, aussi bien aux Juifs religieux qu’aux Samaritains et païens. L’activité de Jésus ne connaissait aucune limitation religieuse ou cultuelle, aucune frontière ethnique ou sociale. Son engagement plein de zèle dans la mission que son Père lui avait confiée, a fait de Lui un Annonciateur, un Maître et un Rédempteur entièrement libre.

Il est intéressant de remarquer que le même esprit est présent dans l’apparition de Notre-Dame de La Salette. C’est ce que suggèrent, par exemple, les vêtements portés par la « Belle Dame », lorsqu’elle est apparue aux deux petits bergers, Maximin et Mélanie. Les enfants nous disent que Marie de La Salette était habillée de la même façon que les femmes des villages environnants à cette époque. On peut dire autant sur le fait que Marie est passée du français au patois parlé à l’époque par les gens ordinaires dans cette région.

Jésus de Nazareth, Saint Paul et la « Belle Dame » de La Salette – voici trois exemples motivants qui nous encouragent et inspirent à mettre en œuvre, dans notre ministère, indépendamment de nos préférences ou notre idéologie, cette « catholicité » de la mission que Marie, par son Fils, a confié à chacun de nous.

Le langage de l’amour

Jésus a pris notre condition humaine par amour, même si le prix qu’Il a dû payer pour cet acte magnifique, a été une souffrance si grande qu’Il a crié : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ».

Les paroles : « Je vais vous le dire autrement » sont une référence claire à l’évangélisation comme première mission de l’Église car elle est la continuation de l’œuvre salvatrice du Christ. Le message chrétien s’est inscrit dans les langues de tous les peuples, au point de supplanter certaines cultures ! On peut dire que toutes les cultures se sont laissé illuminer par l’autorité du Christ en tant que dénominateur commun. Car, en dehors du nom de Jésus, « sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver » (Ac 4,12).

Le pontificat de Jean XXIII a initié le chemin de l’adaptation (aggiornamento) de l’Église aux temps nouveaux, en lien avec le mouvement du renouveau liturgique, théologique, biblique, pastoral et social, à la recherche d’une attitude nouvelle, en accord avec le grand désir de la Vierge Marie : que le message de son Fils soit de mieux en mieux connu.

Saint Jean Paul II, dans son encyclique Redemptoris missio, a utilisé pour la première fois le terme « nouvelle évangélisation ». Celui-ci n’a pas été inventé à la suite de la création d’un dicastère au Saint Siège, mais constituait pour l’Église plutôt une provocation, en quelque sorte, afin qu’elle reconnaisse un besoin pressant et la nécessité d’évangélisation comme sa propre mission qui dure, certes, depuis deux mille ans, mais qui doit trouver un langage nouveau, de nouveaux styles de vie, basés non seulement sur une identité profonde, mais également sur le respect. C’est pourquoi ce Saint de notre temps a voulu nous inciter à utiliser un langage nouveau dans la proclamation de la foi de toujours. Et nous savons que Marie, sans vouloir changer l’orientation de l’Église de son Fils, désire seulement nous rappeler le devoir qui repose sur nous de tout temps, le devoir de nous soumettre à Dieu. « Je vais vous le dire autrement » n’est autre chose qu’une expression claire d’une vérité immuable et éternelle, de la vérité de Jésus mort et ressuscité, la cause de notre salut. « Je vais vous le dire autrement » est – comme le dit le cardinal Tagle – la réponse au défi actuel de discerner comment, dans le monde qui change, présenter l’Évangile qui lui, reste toujours le même.

Dans la prédication de la Bonne Nouvelle du salut on a besoin d’un langage qui ne connaît pas de frontières, du langage de l’amour que Jésus nous a laissé en héritage dans les derniers moments de sa vie sur terre : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15,12). Aujourd’hui, il faut transmettre le message évangélique dans la langue la mieux comprise par l’humanité de notre temps, à savoir la langue de l’amour, semblable à l’amour de Marie pleurant au pied de la croix et à La Salette, et non pas dans la langue de grandes dissertations théologiques.

Jésus est venu au monde par amour ; c’est par amour que Marie reste notre Mère attentive ; et par amour nous, missionnaires salettins, nous relevons le défi de la mission évangélisatrice de l’Église.

La Salette – une communication fondée sur la sensibilité qui va au-delà de la langue et de la culture

L’histoire a conféré à notre Congrégation un caractère missionnaire. 175 ans après l’apparition de Notre-Dame à La Salette nous savons que notre tâche est d’évangéliser le monde dans l’esprit du message que nous a laissé la « Belle Dame ». Cela implique la nécessité de l’ouverture à d’autres langues et cultures dans lesquelles nous travaillons. Toute la Congrégation en porte la responsabilité, et non seulement des Provinces particulières, ancrées dans une seule culture et une seule langue.

Il est frappant que Marie, en parlant avec Mélanie et Maximin, utilise deux langues. Le français est la langue du pays que la tradition a surnommé « Fille aînée de l’Église ». Dans cette langue, Marie a livré ses recommandations les plus urgentes, ayant trait à l’Eucharistie et au respect du dimanche. En revanche, quand elle évoque les problèmes prosaïques de la région de La Salette, elle commence à parler le dialecte que même les enfants comprennent. La perplexité de Mélanie convainc Marie de revoir sa méthode de communication et de la rendre plus accessible. De cette façon elle gagne non seulement des médiateurs pour la diffusion de son message, mais aussi des auditeurs qui la comprennent.

Rappelons-nous que très souvent, et non seulement aujourd’hui, dans certaines situations il nous faut « le dire autrement ». C’est la réconciliation : l’initiative est du côté de celui qui sait que l’autre a quelque chose contre lui. C’est moi qui dois commencer à parler différemment, même si à cause de cela d’autres me voient sous un mauvais jour. Jésus aussi a parlé de la nécessité d’un changement d’attitude et de façon de communiquer : « Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande » (Mt 5,23-24). Si nous voulons nous réconcilier avec nos semblables, rien n’est plus utile que de changer de ton, de façon d’interagir, mais avant tout, de modifier la narration et passer d’un discours accusateur et justicier au discours qui exprime la requête du pardon et de la réconciliation. Dorénavant, c’est un autre langage : celui du pardon et de la miséricorde. Et Dieu le parle. Cette tâche est difficile pour nous, mais nous pouvons compter constamment sur l’aide de l’amour et de la grâce de Jésus, il est donc possible de l’accomplir.

Nous devons adopter l’attitude des Apôtres Paul et Barnabé. Les Actes des Apôtres racontent que, lorsqu’ils étaient à Lystres, Iconium et Antioche [actuellement en Turquie centrale], « ils affermissaient le courage des disciples ; ils les exhortaient à persévérer dans la foi, en disant : „ Il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le royaume de Dieu ” » (Ac 14,22). Il est intéressant de remarquer une spécificité de cette région : ces habitants parlaient leur propre dialecte, le lycaonien (cf. Ac 14,11).

Ainsi Marie, après avoir transmis aux enfants, dans leur dialecte, des réflexions personnelles, reprend la langue française et dit : « Faites-le bien passer à tout mon peuple ». Elle le répète deux fois ; alors, dans cette recommandation est contenu aussi cette phrase à communiquer : « Vous ne comprenez pas, mes enfants ! Je m’en vais vous le dire autrement. » Nous devons transmettre l’ensemble du message, avec tous les éléments qui en font partie. Ce n’est pas un simple indice ou une parenthèse de la part de Marie. Effectivement, la phrase « je vous le dirai différemment » est un exemple de l’usage d’une langue qui n’est pas dérivée de l’expérience de ce monde, mais de l’expérience du Ciel qui est notre vraie patrie. Là-bas, seules l’intimité du cœur et la sensibilité de l’esprit dans l’amour et la réconciliation ont de la valeur, et les gens de tous les temps et de toutes les cultures attendent de pouvoir parler cette langue, car ils ont toujours soif d’amour et sont touchés par une profonde crise de la foi et de l’identité.

Flavio Gillio MS

Eusébio Kangupe MS

Karol Porczak MS

Publié dans MISSION (FR)
dimanche, 11 juillet 2021 13:01

Méditation - Juillet 2021

Je vais vous le dire autrement…

Juillet 2021

Proclamer le Christ dans la liberté et la diversité

S’il y a un texte qui exprime pleinement l’esprit missionnaire du point de vue du Nouveau Testament, c’est le chapitre 8 de la Première Lettre de Saint Paul aux Corinthiens, où, dans les versets 19 à 23, Paul écrit : « Oui, libre à l’égard de tous, je me suis fait l’esclave de tous afin d’en gagner le plus grand nombre possible. Et avec les Juifs, j’ai été comme un Juif, pour gagner les Juifs. Avec ceux qui sont sujets de la Loi, j’ai été comme un sujet de la Loi, moi qui ne le suis pas, pour gagner les sujets de la Loi. Avec les sans-loi, j’ai été comme un sans-loi, moi qui ne suis pas sans loi de Dieu, mais sous la loi du Christ, pour gagner les sans-loi. Avec les faibles, j’ai été faible, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns. Et tout cela, je le fais à cause de l’Évangile, pour y avoir part, moi aussi. »

A son œuvre d’évangélisation, Paul donne ici un caractère clairement catholique (universel). Dans ces lignes, Paul dévoile trois éléments importants, sur lesquels il fonde l’approche universaliste de son propre ministère. Premièrement : l’œuvre d’évangélisation menée par Paul est universelle car l’évangélisateur est libre, comme cela est affirmé au verset 19 : « Libre à l’égard de tous ». Deuxièmement : l’œuvre d’évangélisation menée par Paul n’a pas de « frontières » car l’évangélisateur trouve sa motivation dans l’Évangile : « Je le fais à cause de l’Évangile » (v. 23). Troisièmement : l’œuvre d’évangélisation menée par Paul est universelle car l’évangélisateur n’a qu’un but, à savoir « en sauver à tout prix quelques-uns » (v. 22). Ces trois éléments expliquent aussi bien le motif pour lequel Paul a été capable de devenir « tout à tous », que la manière dont il l’a fait. Ainsi, par exemple lors de son séjour à Athènes, Paul discute tous les jours dans la synagogue « avec les Juifs et ceux qui adorent Dieu, ainsi qu’avec ceux qu’il rencontrait chaque jour sur l’Agora » (Ac 17,17) tout comme sur l’Aréopage. Ces quelques textes suffisent pour montrer la grande approche « catholique » de la pastorale qui a inspiré et guidé le ministère de Paul et son œuvre d’évangélisation. Il semble que pour Paul il n’y ait pas de situations « adéquates » ou « inadéquates », de personnes « convenables » ou « inconvenables » pour annoncer la Bonne Nouvelle. Chaque situation et chaque catégorie de personnes sont une « situation adéquate » et « une personne convenable » pour annoncer « l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu » (Mc 1,1).

Indépendamment de ce que nous pouvons penser, Paul n’a pas été le premier à incarner et mettre en pratique cette façon de propager la Bonne Nouvelle. Avant lui déjà, c’est Jésus de Nazareth qui a fait de même. Avant Paul, Celui qui était l’« Apôtre » du Père, a abordé sa mission de la même façon. Pendant son activité publique, Jésus de Nazareth, ayant le cœur « brulant d’ardeur » pour le Royaume de Dieu et « les affaires de son Père », proclamait la Bonne Nouvelle aussi bien aux hommes qu’aux femmes, aussi bien aux pharisiens qu’aux saducéens, aussi bien aux riches qu’aux pauvres et mis en marge à cette époque-là, aussi bien aux Juifs religieux qu’aux Samaritains et païens. L’activité de Jésus ne connaissait aucune limitation religieuse ou cultuelle, aucune frontière ethnique ou sociale. Son engagement plein de zèle dans la mission que son Père lui avait confiée, a fait de Lui un Annonciateur, un Maître et un Rédempteur entièrement libre.

Il est intéressant de remarquer que le même esprit est présent dans l’apparition de Notre-Dame de La Salette. C’est ce que suggèrent, par exemple, les vêtements portés par la « Belle Dame », lorsqu’elle est apparue aux deux petits bergers, Maximin et Mélanie. Les enfants nous disent que Marie de La Salette était habillée de la même façon que les femmes des villages environnants à cette époque. On peut dire autant sur le fait que Marie est passée du français au patois parlé à l’époque par les gens ordinaires dans cette région.

Jésus de Nazareth, Saint Paul et la « Belle Dame » de La Salette – voici trois exemples motivants qui nous encouragent et inspirent à mettre en œuvre, dans notre ministère, indépendamment de nos préférences ou notre idéologie, cette « catholicité » de la mission que Marie, par son Fils, a confié à chacun de nous.

Le langage de l’amour

Jésus a pris notre condition humaine par amour, même si le prix qu’Il a dû payer pour cet acte magnifique, a été une souffrance si grande qu’Il a crié : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ».

Les paroles : « Je vais vous le dire autrement » sont une référence claire à l’évangélisation comme première mission de l’Église car elle est la continuation de l’œuvre salvatrice du Christ. Le message chrétien s’est inscrit dans les langues de tous les peuples, au point de supplanter certaines cultures ! On peut dire que toutes les cultures se sont laissé illuminer par l’autorité du Christ en tant que dénominateur commun. Car, en dehors du nom de Jésus, « sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver » (Ac 4,12).

Le pontificat de Jean XXIII a initié le chemin de l’adaptation (aggiornamento) de l’Église aux temps nouveaux, en lien avec le mouvement du renouveau liturgique, théologique, biblique, pastoral et social, à la recherche d’une attitude nouvelle, en accord avec le grand désir de la Vierge Marie : que le message de son Fils soit de mieux en mieux connu.

Saint Jean Paul II, dans son encyclique Redemptoris missio, a utilisé pour la première fois le terme « nouvelle évangélisation ». Celui-ci n’a pas été inventé à la suite de la création d’un dicastère au Saint Siège, mais constituait pour l’Église plutôt une provocation, en quelque sorte, afin qu’elle reconnaisse un besoin pressant et la nécessité d’évangélisation comme sa propre mission qui dure, certes, depuis deux mille ans, mais qui doit trouver un langage nouveau, de nouveaux styles de vie, basés non seulement sur une identité profonde, mais également sur le respect. C’est pourquoi ce Saint de notre temps a voulu nous inciter à utiliser un langage nouveau dans la proclamation de la foi de toujours. Et nous savons que Marie, sans vouloir changer l’orientation de l’Église de son Fils, désire seulement nous rappeler le devoir qui repose sur nous de tout temps, le devoir de nous soumettre à Dieu. « Je vais vous le dire autrement » n’est autre chose qu’une expression claire d’une vérité immuable et éternelle, de la vérité de Jésus mort et ressuscité, la cause de notre salut. « Je vais vous le dire autrement » est – comme le dit le cardinal Tagle – la réponse au défi actuel de discerner comment, dans le monde qui change, présenter l’Évangile qui lui, reste toujours le même.

Dans la prédication de la Bonne Nouvelle du salut on a besoin d’un langage qui ne connaît pas de frontières, du langage de l’amour que Jésus nous a laissé en héritage dans les derniers moments de sa vie sur terre : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15,12). Aujourd’hui, il faut transmettre le message évangélique dans la langue la mieux comprise par l’humanité de notre temps, à savoir la langue de l’amour, semblable à l’amour de Marie pleurant au pied de la croix et à La Salette, et non pas dans la langue de grandes dissertations théologiques.

Jésus est venu au monde par amour ; c’est par amour que Marie reste notre Mère attentive ; et par amour nous, missionnaires salettins, nous relevons le défi de la mission évangélisatrice de l’Église.

La Salette – une communication fondée sur la sensibilité qui va au-delà de la langue et de la culture

L’histoire a conféré à notre Congrégation un caractère missionnaire. 175 ans après l’apparition de Notre-Dame à La Salette nous savons que notre tâche est d’évangéliser le monde dans l’esprit du message que nous a laissé la « Belle Dame ». Cela implique la nécessité de l’ouverture à d’autres langues et cultures dans lesquelles nous travaillons. Toute la Congrégation en porte la responsabilité, et non seulement des Provinces particulières, ancrées dans une seule culture et une seule langue.

Il est frappant que Marie, en parlant avec Mélanie et Maximin, utilise deux langues. Le français est la langue du pays que la tradition a surnommé « Fille aînée de l’Église ». Dans cette langue, Marie a livré ses recommandations les plus urgentes, ayant trait à l’Eucharistie et au respect du dimanche. En revanche, quand elle évoque les problèmes prosaïques de la région de La Salette, elle commence à parler le dialecte que même les enfants comprennent. La perplexité de Mélanie convainc Marie de revoir sa méthode de communication et de la rendre plus accessible. De cette façon elle gagne non seulement des médiateurs pour la diffusion de son message, mais aussi des auditeurs qui la comprennent.

Rappelons-nous que très souvent, et non seulement aujourd’hui, dans certaines situations il nous faut « le dire autrement ». C’est la réconciliation : l’initiative est du côté de celui qui sait que l’autre a quelque chose contre lui. C’est moi qui dois commencer à parler différemment, même si à cause de cela d’autres me voient sous un mauvais jour. Jésus aussi a parlé de la nécessité d’un changement d’attitude et de façon de communiquer : « Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande » (Mt 5,23-24). Si nous voulons nous réconcilier avec nos semblables, rien n’est plus utile que de changer de ton, de façon d’interagir, mais avant tout, de modifier la narration et passer d’un discours accusateur et justicier au discours qui exprime la requête du pardon et de la réconciliation. Dorénavant, c’est un autre langage : celui du pardon et de la miséricorde. Et Dieu le parle. Cette tâche est difficile pour nous, mais nous pouvons compter constamment sur l’aide de l’amour et de la grâce de Jésus, il est donc possible de l’accomplir.

Nous devons adopter l’attitude des Apôtres Paul et Barnabé. Les Actes des Apôtres racontent que, lorsqu’ils étaient à Lystres, Iconium et Antioche [actuellement en Turquie centrale], « ils affermissaient le courage des disciples ; ils les exhortaient à persévérer dans la foi, en disant : „ Il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le royaume de Dieu ” » (Ac 14,22). Il est intéressant de remarquer une spécificité de cette région : ces habitants parlaient leur propre dialecte, le lycaonien (cf. Ac 14,11).

Ainsi Marie, après avoir transmis aux enfants, dans leur dialecte, des réflexions personnelles, reprend la langue française et dit : « Faites-le bien passer à tout mon peuple ». Elle le répète deux fois ; alors, dans cette recommandation est contenu aussi cette phrase à communiquer : « Vous ne comprenez pas, mes enfants ! Je m’en vais vous le dire autrement. » Nous devons transmettre l’ensemble du message, avec tous les éléments qui en font partie. Ce n’est pas un simple indice ou une parenthèse de la part de Marie. Effectivement, la phrase « je vous le dirai différemment » est un exemple de l’usage d’une langue qui n’est pas dérivée de l’expérience de ce monde, mais de l’expérience du Ciel qui est notre vraie patrie. Là-bas, seules l’intimité du cœur et la sensibilité de l’esprit dans l’amour et la réconciliation ont de la valeur, et les gens de tous les temps et de toutes les cultures attendent de pouvoir parler cette langue, car ils ont toujours soif d’amour et sont touchés par une profonde crise de la foi et de l’identité.

Flavio Gillio MS

Eusébio Kangupe MS

Karol Porczak MS

Publié dans INFO (FR)

Signes et merveilles

(18e dimanche ordinaire : Exode 16, 2-15 ; Éphésiens 4, 17-24 ; Jean 6, 24-35)

Dans le cycle triennal du Lectionnaire dominical, nous sommes actuellement en l'Année B, qui souligne l'Évangile de Marc les dimanches du Temps ordinaire. Mais il y a toujours une pause de quatre semaines, où l'Église présente le « discours du pain de vie » tiré du chapitre 6 de l'Évangile de Jean.

Aujourd'hui, nous en avons le début, un échange étrange entre Jésus et le peuple que Jésus avait nourri lors de la multiplication des pains et des poissons. « Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? » — « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés ».

Ils avaient vu ce qu'il avait fait, évidemment, et ils continuaient à le chercher parce qu'ils en voulaient davantage—encore plus de la même chose. Mais ils n'avaient pas perçu le signe, ils n'avaient pas compris la signification de l'événement.

Dans la première lecture, les Israélites, dans le désert, désiraient les marmites de viande de l'Égypte, oubliant les signes et les merveilles par lesquels ils avaient été sauvés de l'esclavage, et murmurant non pas tellement contre Moïse et Aaron mais plutôt contre le Seigneur leur Dieu.

À la Salette, la Vierge décrit une conduite semblable. Par deux fois, elle mentionne comment on jure et on jette le nom de son Fils au milieu.

Il semble qu'il y ait eu une nostalgie du passé parmi les chrétiens d'Éphèse. st Paul écrit : « Il s’agit de vous défaire de votre conduite d’autrefois, c’est-à-dire de l’homme ancien ». Tout au moins, ils devaient apprendre qu'une relation réelle avec le Seigneur n'était pas compatible avec les coutumes des gentils, un message dont on retrouve l'écho à La Salette.

La Salette, c'est aussi des signes et des merveilles : la lumière, les larmes, les roses, les chaînes et le crucifix, le simple costume de paysanne ; et n'oublions pas la source jadis saisonnière qui depuis septembre 1846 n'a jamais cessé de couler. Aussi, dans son discours, Marie fait une promesse merveilleuse, biblique dans son extravagance, de récoltes abondantes pour ceux qui retourneront à Dieu.

Que faut-il pour que nous ayons une relation vraiment personnelle avec le Seigneur, non basée seulement sur l'obéissance ou sur nos besoins ? Comment pouvons-nous devenir des tabernacles dignes de la grâce de Dieu ? Commençons par reconnaître les signes de sa présence et les merveilles de son amour, tels que nous les montre la Belle Dame.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Publié dans MISSION (FR)

Jésus et les besoins humains

(17e dimanche ordinaire : Jérémie 23, 1-6 ; Éphésiens 2, 13-18 ; Marc 6, 30-34)

Parmi les nombreuses formes de souffrance humaine se trouve celle qui est mentionnée dans l'Évangile de ce jour : l'insécurité alimentaire. Dans ce récit, le manque de nourriture n'était pas de longue durée. Jésus a répondu à un besoin immédiat en une occasion précise.

Mais, comme Jésus, nous pouvons aussi demander comment il serait possible de pourvoir aux besoins de tant de gens. Certains d'entre nous, comme Philippe et André, diraient que c'est impossible. Mais, nous dit l'évangéliste, Jésus « savait bien, lui, ce qu’il allait faire ».

Certains de nos lecteurs ont expérimenté l'insécurité alimentaire, peut-être combinée à l'anxiété liée au logement, au travail, etc. Beaucoup ne l'ont pas connue. Dans quelle circonstance voyons-nous la grâce de Dieu plus active ?

À la Salette, Marie a remarqué que les gens travaillaient le dimanche tout l'été. Mais, avec les pommes de terre, le blé, les raisins et même les noix qui étaient tous en danger de faillir, les cultivateurs, au désespoir, tâchaient de sauver le peu qu'ils pouvaient. Il est difficile de s'occuper d'affaires spirituelles quand les besoins matériels exigent toute notre attention.

D'autre part, si toute notre attention se porte sur ce que nous possédons et que nous sommes incapables de répondre aux besoins des autres, il est tout aussi difficile de vivre dans l'Esprit, de progresser, de travailler et d'apprendre en communauté. La compassion et l'empathie sont des dons. Les désirons-nous ?

Jésus a nourri la foule affamée parce qu'il a vu leur besoin, et il a vu leur besoin parce qu'il voulait le voir. Marie était consciente de l'insécurité alimentaire de son peuple, et elle a offert de l'espoir, « s'ils se convertissent ». La conversion, elle aussi, est un don. La désirons-nous ?

Saint Paul écrit : « Je vous exhorte à vous conduire d’une manière digne de votre vocation ». Il pense surtout à l'unité : « un seul Corps et un seul Esprit ». Comment cela est-il possible si certains membres souffrent de la famine et que d'autres membres refusent de leur venir en aide ?

Osons-nous prier pour obtenir les dons de conversion et de compassion dans nos vies, demander au Seigneur de nous rendre semblables à lui, prêts à reconnaître les besoins qui nous entourent ?

Au début de l'Évangile, nous lisons que Jésus "vit qu'une grande foule venait à lui." Avec peu de choses, il a satisfait le besoin de la multitude. Lorsque les chrétiens aident les autres, leur intention est de les diriger vers le Christ. Il en fut aussi pour Marie à la Salette.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Publié dans MISSION (FR)

Repose-toi dans le Seigneur

(16e dimanche ordinaire : Jérémie 23, 1-6 ; Éphésiens 2, 13-18 ; Marc 6, 30-34)

Il est temps une fois de plus de nous arrêter pour réfléchir sur les lectures d'aujourd'hui dans la perspective salettine.

Jérémie proclame la condamnation des pasteurs : « Vous qui laissez périr et dispersez les brebis de mon pâturage ». Mais n'y a-t-il pas de responsabilité de la part du troupeau ? On ne peut blâmer les vraies brebis d'agir en moutons, mais quand il s'agit des humains, l'image a ses limites. Nous avons une conscience.

Dans son chapitre sur La dignité de la personne humaine, le Catéchisme de l'Église catholique inclut une section sur la conscience. Il commence par une citation de Vatican II : « C’est une loi inscrite par Dieu au cœur de l’homme. La conscience est le centre le plus intime et le plus secret de l’homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre ».

Il présente ensuite la doctrine de l'Église sous quatre rubriques, dont l'une s'intitule, La formation de la conscience. Le tout se base sur la foi, telle que le psalmiste l'exprime aujourd'hui dans le Seigneur, son berger.

À l'époque de la Révolution française, la philosophie de la séparation de l'Église et de l'État, aussi logique qu'elle soit, avait conduit à un anticléricalisme sérieux. Depuis lors, il est possible en France de célébrer un « baptême civil » pour un nouveau-né, qui est placé « sous la protection des institutions républicaines et laïques ».

De cette attitude advint la négligence de l'Eucharistie, et de la pratique religieuse en général, dont Marie se plaint à La Salette. Son peuple s'était égaré.

Jérémie présente la promesse de Dieu : « Je rassemblerai moi-même le reste de mes brebis ». La Belle Dame offre l'espoir à ceux qui retourneront à son Fils.

Aujourd'hui, de nombreux « bergers » se disputent la confiance du troupeau. La liste comprend des scientifiques, des gouvernements, des psychologues, des commentateurs de l'actualité, etc. Certains sont ouvertement hostiles à la religion. Que faire ?

L'Évangile d'aujourd'hui nous offre une piste. Après leur tournée missionnaire, Jésus dit à ses apôtres : « Venez vous-mêmes dans un endroit désert et reposez-vous un peu ». Cela n'a pas eu lieu, mais le principe est solide. Il nous faut parfois nous éloigner de toutes nos distractions, afin de nous reposer avec le Seigneur qui rafraîchit notre esprit, et de bien prier.

P. Paul Belhumeur, M.S.

Publié dans MISSION (FR)

Ce que nous étions... Ce que nous sommes

(15e dimanche ordinaire : Amos 7, 12-15 ; Éphésiens 1, 3-14 ; Marc 6, 7-13)

Le lien salettin avec la première lecture, aujourd'hui, est évident. Amos dit : « Je n’étais pas prophète... ; j’étais bouvier, et je soignais les sycomores. Mais le Seigneur m’a saisi quand j’étais derrière le troupeau, et c’est lui qui m’a dit : ‘Va, tu seras prophète pour mon peuple Israël’ »

La Sainte Vierge a parlé à deux enfants qui n'étaient certainement pas de prophètes. Elle les a enlevés à leurs vaches et leur a dit : "Vous le ferez passer à tout mon peuple".

Les Apôtres, envoyés comme missionnaires par Jésus dans l'Évangile de ce jour, pourraient en dire de même : j'étais pêcheur, agent du fisc, agitateur... Le Seigneur m'a tiré de tout cela, pour changer ma vie totalement. Beaucoup plus tard, Paul, pas inclus dans les Douze premiers, n'a pas hésité à dire aux autres qu'il avait été persécuteur de l'Église avant de rencontrer Jésus.

Mettez-vous à leur place. Qu'étiez-vous ? Qu'est-ce que vous êtes maintenant ? Nous avons tous sans doute fait l'expérience de moments clés qui pourraient changer notre vie. Certains sont fondamentaux, comme la foi.

Même parmi les catholiques depuis toujours actifs, il vient un moment dans la prière, les sacrements, l'Écriture sainte, etc., où tout prend une vie nouvelle, une signification plus personnelle ; ils deviennent plus importants qu'auparavant. C'est la conversion.

Cela advient parfois graduellement, mais à la Salette, cela arrive, assez souvent, soudainement. Plusieurs qui montent à la sainte montagne en simples touristes, y reviennent plus tard en pèlerins. Le confessionnal est l’endroit où la plupart des miracles de la Salette ont lieu.

Dans la seconde lecture, Paul nous rappelle par deux fois que Dieu nous a choisis. Et à chaque fois, il ajoute « en lui », c'est-à-dire dans le Christ. En tant que salettins, on pourrait être tenté de penser que nous avons été choisis « en Marie », mais ce ne serait pas exact. Le cœur même de l'apparition de la Belle Dame est Jésus, dont elle porte l'image crucifiée sur sa poitrine.

Si nous croyons vraiment, et si notre foi est bien enracinée dans le Christ, alors nous pouvons rendre gloire à Dieu quand il nous convoque et nous envoie prophétiser, proclamer, faire connaître un message. Nous étions peut-être autre chose, mais une fois convertis et réconciliés avec Dieu par son Fils, nous pouvons avec confiance porter notre attention sur la mission, quelle qu'elle soit, et peu importe en quel endroit.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Publié dans MISSION (FR)
jeudi, 24 juin 2021 21:26

Pologne - Chapitre

Chapitre de la Province Polonaise

Le 22 juin 2021, le Chapitre de la Province Polonaise des Missionnaires de La Salette a commencé au sanctuaire de Notre-Dame de La Salette à Dębowiec et durera jusqu’au 3 juillet 2021. Il est présidé par le Père Silvano Marisa, Supérieur Général de la Congrégation.

Le thème du Chapitre est tiré de la formule des vœux prononcés par tous Missionnaires de La Salette lors de leur profession religieuse : « Répondre à l'appel de Marie de La Salette, la Réconciliatrice des pécheurs ».

Le 25 juin, le Chapitre a élu un nouveau Conseil Provincial :

P. Grzegorz Zembroń, supérieur provincial (au centre)

P. Jan Kijek, vicaire provincial (à gauche)

P. Czesław Hałgas, conseiller provincial (à droite)

Nous souhaitons au nouveau Conseil la lumière de l’Esprit Saint pour le service à la Province.

Publié dans INFO (FR)
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